Le jeudi 20 janvier 2022, après les parlementaires européens et ceux de six États occidentaux, les députés de l’Assemblée Nationale ont adopté un texte reconnaissant l’exploitation du peuple Ouïgours en Chine comme un “crime contre l’humanité”.
Au-delà de sa visée médiatique, cette proposition de loi a pour objectif de faire agir le gouvernement français auprès de la communauté internationale afin de faire pression sur la République Populaire chinoise afin de stopper l’exploitation de ce peuple.
Qui sont les Ouïgours ?
Ce peuple turcophone à majorité musulmane sunnite vit principalement dans la région du Xinjiang en Chine. Il constitue le principal groupe ethnique de la région. Cette population est persécutée depuis de nombreuses années car le Xinjiang fait l’objet de volontés indépendantistes que le gouvernement chinois n’accepte pas. Ainsi, en 2016 cette région chinoise a développé des camps dis de “rééducation” pour les Ouïgours mais qui sont en réalité des camps d’internement dans lesquels hommes et femmes sont torturés et soumis à un travail forcé pour de grandes firmes internationales.
Ces dernières années, ce peuple turcophone fait beaucoup parler de lui : en cause la dénonciation de plus en plus accablante des grandes marques du numérique et de fast-fashion. En effet, des marques leaders du prêt à porter telles que Zara, H&M ou de plus prestigieuses marques comme Ralph Lauren sont sous les projecteurs ces derniers temps pour leur manière de produire leur vêtements en Chine, en exploitant les Ouïgours et en participant à “l’éradication culturelle et biologique d’un peuple” selon Olivier Faure, membre du Parti socialiste.
Dénoncer ce “génocide” pour changer les choses ?
À en voir le fameux triangle de l’inaction, ce que soient les gouvernement, les firmes internationales ou les consommateurs, tout le monde a tendance à se renvoyer la balle et finalement personne n’agit. Il y a quelques semaines, les États-Unis ont fait preuve d’une symbolique forte en interdisant les importations depuis les camps de travail peuplés d’Ouïgours. Aujourd’hui, c’est au tour de la France de voter un texte de loi afin de dénoncer ce génocide. Même si ces actions sont un premier pas, sont-elles suffisantes pour des gouvernements qui estiment ne pas pouvoir agir sans une prise de responsabilités des premiers concernés : les entreprises de la fast-fashion elles-mêmes. Ces décisions qu’elles soient américaines ou non n’ont-elles pas plutôt un caractère politique pour affaiblir le premier producteur mondial ?
Il serait légitime de se demande si ce vote symbolique est aujourd’hui une avancée notable vers une production plus socialement responsable ; ou plutôt une volonté de “bonne conscience” pour un pays comme la France, un des nations les plus au coeur de cette fast-fashion.
Il est certains que la résolution prise par l’Assemblée Nationale ne va pas changer concrètement le sort des Ouïgours puisque le gouvernement ne dispose d’aucun levier pour stopper les violations des droits humains en Chine, néanmoins si de nombreux pays agissent dans le même sens cela pourrait entrainer un effet domino positif pour ce peuple et potentiellement affaiblir la puissance chinoise, dont de nombreux pays sont actuellement dépendants. Une dépendance qui nécessite de faire des liens cordiaux, mais dénoncer des crimes contre l’humanité est-il compatible avec la poursuite de relations saines auprès de l’État incriminé ?

Par Louise Denieulle