30 janvier 2022, l’Equipe titre
« Phénoménal Djokovic, le numéro 1 mondial s’empare du record de titre en grand chelem avec 21 unités devançant ses rivaux de toujours, Rafael Nadal et Roger Federer (20 unités chacun) »
Voici certainement la une rêvée par le Serbe et ses fans autour du monde. Oui mais voilà, Novak Djokovic n’est pas vacciné et vient d’être renvoyé d’Australie. Le pachy vous propose ici un petit récap de cette affaire.
Après 3 des 4 grands chelems (4 tournois majeurs de tennis, Open d’Australie, Roland Garros, Wimbledon et US Open) de 2021, portant son palmarès à 20 titres et égalant le record détenu conjointement par Rafael Nadal et Roger Federer, le serbe se voulait confiant avant de faire ses bagages pour l’Australie. L’île océanique, terre promise pour le numéro 1 mondial puisqu’avec 9 victoires finales en 16 participations à l’Open, il en est le recordman de titres. Confiance toujours présente à son départ pour l’Australie qui pourtant suscite déjà des interrogations au vu de l’obligation vaccinale pour entrer en Australie, Djokovic refusant de communiquer sur son statut vaccinal.
Petit récapitulatif des faits en dates :
- 04/01 : Novak Djokovic annonce sur Twitter qu’il a bénéficié d’une dérogation pour jouer l’Open d’Australie
- 05/01 : Il est bloqué à l’aéroport de Melbourne (Aus) par la police des frontières qui annule son visa pour « preuves insuffisantes »
- 06/01 : Novak rejette son annulation de visa et pose un recours en justice, celui-ci sera suspendu aussitôt par la justice australienne, il sera admis dans un centre de rétention
- 08/01 : Les avocats du serbe plaident une exemption vaccinale accordée par la Fédération australienne de tennis en révélant un test positif au COVID-19 le 16 décembre dernier. Malgré ce prétendu test positif, Novak s’affiche le 17 décembre à un événement massif pour la jeunesse à Belgrade, sans masque…
- 10/01 : Novak est libéré par un juge estimant que l’annulation de son visa n’était pas légale
- 14 /01 : le ministre de l’immigration fait valoir son droit lui permettant d’annuler le visa de quiconque voulant entrer sur le territoire australien et annule celui du joueur serbe16/01 : Djokovic quitte l’Australie avec l’immense regret de ne pas pouvoir défendre son titre à Melbourne.
Cette histoire aurait pu rester purement sportive et simplement priver Novak Djokovic de son 21ème titre majeur. Cependant l’affaire a très vite pris des dimensions extra sportives. Tout d’abord en raison du rôle particulier que joue Novak pour la Serbie. La Serbie, petit Etat Balkanique trainant le boulet géopolitique de la guerre de Yougoslavie et des massacres contre la minorité bosniaque au début des années 1990. Novak Djokovic vient dynamiter cette image négative de la Serbie sur la scène internationale, véritable pourvoyeur de Soft Power, le n°1 mondial s’exprime régulièrement sur son enfance compliquée dans un Belgrade sous les bombes des avions de l’OTAN. C’est donc dans cette optique que toute une nation s’est dressée contre la décision du gouvernement Australien, avec en tête de file les parents de Djokovic ainsi que la Première ministre serbe Ana Brnabic.
Néanmoins, la portée géopolitique de la Serbie n’est que très faible, ce qui a très certainement joué en faveur du gouvernement australien, que serait-il advenu si le n°1 mondial était américain ? Le gouvernent australien aurait-il pris la même décision en risquant de froisser son allié américain ? Intéressons-nous maintenant de plus près au gouvernement australien actuel, dirigé par Scott Morrison. Ce dernier, climato-sceptique et fidèle allié de Donald Trump voit cette affaire comme une aubaine à 4 mois des prochaines élections qui s’annoncent compliquées pour lui. Il en profite donc pour redorer son image auprès du peuple australien. Ce même peuple très hostile à une éventuelle exception vaccinale accordée au n°1 mondial, rappelant que le pays a connu le confinement le plus long du monde avec plus de 200 jours et que le pays a toujours pratiqué une politique « zéro Covid ». L’Australie est un des pays qui compte le moins de morts avec un peu moins de 3 000 décès liés au coronavirus (0 décès recensé d’octobre 2020 à juillet 2021). Cette affaire met en lumière également un autre aspect moins glorieux pour l’Australie, le sort des réfugiés et migrants tentant de pénétrer sur l’île. L’Australie se voulant comme une démocratie ouverte et accueillante, qui parque pourtant ses demandeurs d’asile dans des conditions épouvantables sur une île de Papouasie Nouvelle Guinée. Des militants dénonçant ces conditions ont pu profiter de cette affaire pour faire valoir cette cause en Australie et dans le monde.
En conclusion, on peut retenir de cette affaire que personne ne sort grandi, Djokovic qui a très vraisemblablement falsifié son certificat de test, la fédération de tennis australienne qui a donné son accord au n°1 mondial ou encore le premier ministre australien qui se pose en homme providentiel en s’attaquant à une cause plus médiatique que sanitaire.

Le 23/01/2022 par Alexandre Côme