• Un conflit russo-ukrainien qui marque un tournant majeur dans la géopolitique mondiale

Depuis la mi-février, le président Poutine menace d’une opération militaire sur le territoire ukrainien mais aucun des dirigeants politiques n’imaginait que le président russe pourrait passer à l’acte, s’accrochant à des tentatives de négociations de plus en plus nombreuses.

Pourtant tout s’est enchainé très vite ces derniers jours, le 21 février le gouvernement russe déclare illégalement l’indépendance de deux régions à l’est de l’Ukraine, majoritairement pro-russes : le Donetsk et Lougansk (où près de 70% de la population parle russe). Pour les occidentaux, cet acte va à l’encontre des traités internationaux de paix et des chartes de l’ONU, c’est ainsi que commence à se profiler une invasion de plus en plus probable. 

C’est le 24 février au matin que le monde s’est réveillé dans un environnement géopolitique bouleversé et un continent européen dans la guerre : le président Poutine a déclaré la guerre à la République démocratique d’Ukraine dans l’objectif, selon ses dires, de défendre les séparatistes favorables au rattachement à la Russie habitant à l’est de l’Ukraine. Les tentatives de négociations et d’apaisement de l’Occident n’auront donc pas aidé à résoudre le conflit sans armes. 

Depuis, des combats se multiplient donc entre les armées russes et ukrainiennes dans le Donbass mais pas seulement puisque les troupes russes attaquent désormais Kyiv (Kiev en russe), le sud et certaines terres au centre du territoire ukrainien. 

À l’heure actuelle, près de 9000 civils et soldats ont été tués (chiffre provisoire et incertain), l’invasion s’étend maintenant à toute l’Ukraine et près de 1,5 million ukrainiens (chiffre là encore provisoire qui devrait fortement augmenter dans les jours à venir selon l’ONU) ont fui vers les pays frontaliers que sont la Pologne, la Roumanie la Moldavie.

Il est à attendre que l’invasion russe puisse s’étendre à la Géorgie et la Moldavie dans les semaines à venir selon le gouvernement français, sans que les pays membres de l’OTAN puissent envoyer des troupes armées combattre aux côtés de l’Ukraine. Les raisons premières à une aide « seulement » matérielle sont à la fois le règlement de l’OTAN qui impose de n’aider que les pays membres (et dont l’Ukraine ne fait pas partie) mais aussi l’arme nucléaire que Vladimir Poutine menace d’utiliser, ce qui ferait courir un risque trop grand au monde. 

  • Le nucléaire au coeur des tensions

Une des raisons majeures – au-delà du règlement de l’OTAN qui impose de n’aider que les pays membres – pour lesquelles l’aide internationale est « seulement » matérielle est la menace nucléaire faite par Vladimir Poutine qui ferait courir un risque trop grand au monde.  Les derniers jours sont en effet marqués par la menace nucléaire, très présente dans la presse. Sur cette question, il est important de distinguer le nucléaire civil (centrales nucléaires) du nucléaire militaire détenus par neuf grandes puissances dont celles de la Guerre Froide : la Russie, les États-Unis, la Chine, le Royaume-Uni, la France. Aujourd’hui la Russie et les États-Unis possèdent 90% de l’arsenal nucléaire mondial.

Si les troupes russes ont déjà pris le pouvoir de certaines centrales nucléaires ukrainiennes car e sont des lieux stratégiques majeurs, c’est surtout la menace du nucléaire militaire qui fait parler d’elle. Cette menace est-elle seulement une force de dissuasion de la part du président russe ? Même si quelques dirigeants ont pu s’entretenir avec l’ancien officier du KGB (Comité pour la Sécurité de l’État, service de renseignements de l’URSS stalinienne), il est encore impossible à ce jour d’en connaitre ses intentions réelles. 

  • Des réactions internationales sans appel

Les réactions du monde sont sans appel : le président russe a agi illégalement et le monde entier condamne ce choix unilatéral à l’instar des États-Unis, de l’Union Européenne ou encore la Turquie également membre de l’OTAN. Sur les 193 membres de l’ONU, 141 pays ont approuvé le texte « exigeant que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine ». Cependant, de grands pays, alliés de Moscou se sont abstenus tels que la Chine, l’Inde ou l’Afrique du Sud. 

Aux dires d’Emmanuel Macron cette attaque est « l’atteinte la plus grave à la paix, à la stabilité dans notre Europe depuis des décennies ». C’est ainsi qu’à la suite de la réunion du Conseil européen, les États membres ont décidé d’appliquer de fortes sanctions à la Russie : limitation drastique d’accès aux marchés de capitaux européens pour les banques et grandes entreprises russes, l’interdiction de déplacement dans de nombreux pays pour de nombreux responsables russes et enfin très récemment la suspension de la Russie du système de paiements bancaires international SWIFT. 

Cependant, dans un contexte de mondialisation exacerbée, ces sanctions n’ont pas seulement une incidence sur la Russie. Ces derniers jours, la guerre en Ukraine suscite une hausse des prix pour de nombreux produits de première nécessité ou encore le pétrole à l’échelle internationale mais aussi un affolement des bourses et une vague migratoire de millions d’ukrainiens vers les pays européens. Des difficultés supplémentaires qui s’ajoutent à celles de la crise du Covid-19 mais qui seront peut-être le fruit d’un rapprochement de l’alliance européenne. 

Si beaucoup d’incertitudes persistent sur la situation actuelle, l’évolution du conflit, le nombre réel de décès car beaucoup d’images manquent, une chose est sûre : cette guerre aura des conséquences irréversibles sur l’Ukraine, la géopolitique mondiale ainsi que les relations internationales avec la Russie.  

Par Louise Denieulle