Vous n’en pouvez plus d’enchainer les news déprimante ? La pandémie qui s’éternise, la guerre en Ukraine, l’assassinat d’une étudiante de 19 ans à Londres… Alors je vous propose d’aborder un sujet plus léger : le film de « trop ». Avait-on vraiment besoin d’un Matrix 4 ? D’un reboot de Gossip girl ? D’un 12e film Batman ?… On pourrait admettre qu’en attendant le 453e reconfinement, il faut bien quelque chose pour s’occuper mais, même pour moi qui adore revoir les films ça commence à faire beaucoup.

On dirait presque qu’aujourd’hui, l’industrie du cinéma a du mal à innover. Disney nous a re-sortit tous ses grands classiques soit en 3D : le Roi lion de 2019, 7e place au box-office mondial avec environ $1,7 milliard de recette ; soit en prise de vue réelle : la Belle et la Bête de 2017, plus de $1,2 milliard au box-office. Et bien que les studios sortent aussi quelques nouveautés, celles-ci sont nettement moins lucratives : le film d’animation Raya et le Dernier dragon (2021) a produit environ 130,4 millions de dollars. A titre de comparaison, le Roi lion de 2019 a généré $1,7 milliards de recette et détient la 7ème place au box-office mondial

Si on peut deviner pourquoi les studios sortent des remakes à la chaine (c’est la crise après tout, il faut bien rentabiliser l’industrie), la vraie question est : pourquoi va-t-on les regarder si on sait déjà ce qu’il va se passer ? Par exemple, j’avais anticipé que Matrix 4 allait être une vraie daube et pourtant je suis quand même aller le voir. Je vous dirais bien que mon avis est subjectif, cependant, selon Box-Office Mojo, le dernier volet de la saga n’a généré que 37 millions de dollars alors que les trois autres en ont produit largement plus de 100 chacun, donc globalement le film a fait un « flop ».

L’impression générale du manque d’inventivité de l’industrie du cinéma vient surtout des remakes. Il ne s’agit pas ici de mauvais films, les nouvelles version de Gatsby le magnifique, du Roi Lion et de West Side Story sont globalement bonnes, le problème est que la majorité du public préférera toujours les originaux. Alors que choisir ? Le 34e volet d’une saga qui aurait dû se terminer depuis longtemps ou bien un remake mot pour mot d’un film que vous connaissez déjà ?  

Cette tendance nous faisant préférer la quantité à la qualité est lié à notre consommation grandissante de série. D’après une étude du CSA, la plateforme Netflix comptait 24 millions d’abonnés internationaux en 2011 et 204 millions en en 2020 ; son chiffre d’affaires atteignait 25 milliards de dollars en 2020 (+24% qu’en 2019). Ainsi, c’est notre nouvelle addiction aux séries qui poussent les studios à créer toujours plus de suites que personne n’a demandé mais que tout le monde regarde.

Marina Rollman, décrit très bien ce phénomène lors d’une émission de France Inter : https://www.youtube.com/watch?v=D2A0npYTRrA. Mais pour simplifier, la création d’une série pourrait être résumé comme ceci :

  • Saison 1 : Pleins de bonnes idées (cohérence du scénario 10/10)
  • Saison 2 : Les idées restantes de la saison 1, (cohérence 8/10)
  • Saison 3 : Les idées rejetées (cohérence 5/10)
  • Saison 4 : Appariation du frère jumeau du personnage principal dont on n’a jamais entendu parler (cohérence 3/10)
  • Saison 5 : En fait, le personnage principal est un vampire, son meilleur ami en fait c’est son père que tout le monde croyait mort et son boulanger est un trafiquant d’organe qui souffre d’Alzheimer… (abandon de la cohérence)

Si vous n’êtes toujours pas convaincu que les studios ne savent littéralement plus quoi inventer, allez chercher « prochaine sorties cinéma 2022 » sur Google, parmi les 24 films proposés, 14 sont les remakes ou des suites donc plus de la moitié. Cela dit, il faut reconnaitre que ces « non-nouveautés » nous apportent un certain confort dans cette période de crise sanitaire et de conflits. Alors que notre environnement, notre identité, notre façon de vivre, de travailler a plus évolué en deux ans qu’en un siècle, on ne peut pas en vouloir au public de rechercher un peu de stabilité dans l’une des rares choses qu’il peut encore contrôler : ce qu’il regarde. 

En conclusion, personne ne vous empêche d’aller voir des daubes, du moment que ça vous plait et que ça peut vous faire oublier pendant 1h30 que c’est la merde partout dans le monde, que les bébés phoques sont en train de crever, que la forêt amazonienne est détruite un peu chaque jour et que les femmes se font attaquer à la seringue dans la rue… Sur ce, je vais réserver ma place pour le prochain Batman parce que je ne peux décemment pas manquer Robert Pattinson en cuir. Bon visionnage.

Par Josephine Bernier