Photojournalisme : une passion mêlant témérité et perpétuel danger qui date de 1855, lorsque Robert Fenton prend les premières photos durant la guerre de Crimée
Photographe de guerre est un métier crucial. Le contexte actuel de la guerre en Ukraine rappelle l’importance de cette profession, qui nous met face à l’actualité peu importe la distance nous séparant de tels conflits. Ces images de guerre traversent le temps et nous permettent de rendre hommage aux victimes.
En effet, la guerre en Ukraine est un évènement historique majeur dont nous nous souviendrons sans aucun doute dans quelques décennies grâce aux images marquantes laissées par les reporters de guerre. On pense d’ores et déjà au visage d’Helena, immortalisé par Wolfgang Schwan, devenu un symbole de ce conflit.

Dans cet article, nous souhaitons revenir sur le travail des plus grands photoreporters et sur leurs images marquantes illustrant les horreurs de la guerre. Il ne faut pas oublier que derrière chaque photo qui nous parvient d’un conflit, un journaliste ou photographe risque sa vie. Il y a deux jours, Pierre Zakrzewski, un caméraman de Fox News est mort en Ukraine, il s’agit du quatrième journaliste tué depuis le début du conflit. Oleksandra “Sasha” Kuvshynova sa consultante âgée de 24ans est également décédée. Cet article est un moyen de rappeler l’importance de leur travail.
- La terreur de guerre, Nick Ut
Cette célèbre photo, plus connue sous le nom de la petite fille au napalm, s’inscrit dans le contexte de la guerre du Vietnam. On y aperçoit Kim Phuc, une petite fille de neuf ans. Entourée d’autres enfants, elle court nue en hurlant pour fuir son village qui vient d’être attaqué au napalm, une arme chimique utilisée comme bombe incendiaire. Le napalm a touché la fillette, une sorte d’essence gélifiée lui colle à la peau et a déjà brûlé ses habits qui ont littéralement fondu et disparu. Au fil des années, cette photo est devenue un symbole de la guerre du Vietnam.

Une photo peut-elle arrêter une guerre ?
Alors que la photo de Nick Ut paraît en 1972, la guerre du Vietnam dure encore trois ans avant de s’achever en 1975. Néanmoins, cette photographie, qui comme d’autres vient synthétiser le drame des guerres par l’expression d’un individu, est au cœur d’un retournement de l’opinion publique (on peut penser ici dans la même idée à La jeune fille à la fleur de Marc Riboud). Ainsi, la photo en dénonçant les horreurs de la guerre peut être une voix en faveur de la paix, même si la lutte n’est pas toujours facile.
” Je n’ai pas d’illusion sur l’efficacité du journalisme mais la lutte continue”
Ed Vulliamy
- Photos floues, Robert Capa
Robert Capa est un photographe américain d’origine hongroise. Il a couvert les plus grands conflits de son époque (la guerre d’Espagne, la guerre sino-japonaise, la Seconde Guerre mondiale, la guerre israélo-arabe, la guerre d’Indochine).

Le 6 juin 1944, Robert Capa est le seul photographe, travaillant pour Life, présent lors du débarquement allié en Normandie, sur la plage d’Omaha Beach. Aujourd’hui, seules 11 photos à peu près acceptables, mais plutôt floues nous sont parvenues. Ces photos du Jour J de Robert Capa sont des documents historiques puissants qui témoignent de la violence des combats à Omaha Beach. C’est notamment leurs défauts qui révèle le chaos de la bataille. L’engagement de Capa force toujours l’admiration, à l’image de toutes ces personnes qui se sont battues pour libérer l’Europe de la barbarie Nazie. Malgré l’effroi, il a risqué sa vie pour relater les faits :
” C’était une nouvelle sorte de peur qui secouait mon corps des pieds aux cheveux et me tordait le visage”
Juste un peu floue, autobiographie de Robert Capa (1947)
Il mourra finalement le 25 mai 1954, lors de la guerre d’Indochine, victime de l’explosion d’une mine.
- Patrick Chauvel
À 19ans, Patrick Chauvel a photographié la guerre du Vietnam, à 72ans il est en Ukraine. Entre-temps, le photoreporter, également auteur de quatre livres et de nombreux films documentaires a couvert 35 conflits. Nul autre que lui n’a une telle longévité. Son travail s’étale aujourd’hui dans un album publié par Reporters sans frontière : 100 photos pour la liberté de la presse. Voici quelques-unes de ses photos :


Patrick Chauvel confie que dans ce métier, la passion est bien plus forte que la peur. C’est toutefois sans oublier que la proximité avec les conflits crée régulièrement des états de stress post-traumatique chez les reporters de guerre. Toute la misère et l’horreur marquent les photographes autant qu’elles marquent les images. Leurs photos permettent une prise de conscience indispensable, voire parfois même une condamnation des dictateurs et des meurtriers.
Par Romane Campos